Charles Coustille, l’entretien

C’est avec une veste de costume et un air nonchalant que notre professeur arrive en classe pour le séminaire de Droit et Littérature. Universitaire aux multiples cordes à son arc, il nous livre ici son parcours et sa passion pour la littérature.

Quel a été votre parcours scolaire et universitaire ?
J’ai commencé par des études de sciences politiques et de droit, notamment de droit administratif, ce qui ne m’a pas du tout plu. Je ne suis venu que relativement tardivement aux études de lettres.

Quel est votre meilleur souvenir lors de vos études ?
Mes années d’études à l’étranger ont été les plus marquantes, sûrement parce qu’elles furent les plus festives, mais pas seulement : au Danemark d’abord, en Erasmus, où je m’étais convaincu que j’allais apprendre le danois pour lire Kierkegaard dans le texte (évidemment, cela n’a jamais eu lieu) ; aux Etats-Unis ensuite, au moment du doctorat, où, paradoxalement, j’ai compris que je voulais me consacrer pleinement à la littérature française.

Portrait de Kierkegaard de Luplau Janssen, 1902

Quel est votre domaine de recherche ? Qu’est-ce qui vous passionne dans celui-ci? Qu’est-ce qui vous pousse à continuer dans la recherche ?
Je suis plutôt spécialiste du premier vingtième siècle. Charles Péguy notamment m’a passionné. J’admire surtout sa verve, sa négativité, sa manière d’éreinter ses ennemis, sa mauvaise foi aussi. Mes recherches se sont parfois écartées de cette période: j’ai travaillé sur des auteurs contemporains, sur le cinéma de Rohmer, sur la sitcom Friends. Aujourd’hui, ce sont les liens entre recherche et création littéraire qui m’intéressent le plus: disons, la manière dont les formes littéraires peuvent contribuer à la construction des savoirs, en théorie et en pratique bien sûr.

Logo de Friends, créée par la National Broadcasting Company (NBC) en 1994, domaine public, disponible sur: https://fr.wikipedia.org/wiki/Friends#/media/Fichier:Friends_logo.svg

Qu’est-ce qui vous plaît dans le fait d’enseigner à l’université ?
Le fait de pouvoir m’écouter parler sans être interrompu. Et, plus sérieusement, le fait qu’enseigner soit toujours un approfondissement, on ne répète jamais ; j’ai toujours l’impression de découvrir les textes en les transmettant aux étudiants, et j’en découvre beaucoup de nouveaux. Les analyses et remarques des étudiants donnent une fraicheur constante à la littérature. On ne peut s’en lasser.

Est-ce qu’il y a un lieu à l’université que vous préférez?
Il y a un lieu improbable réservé aux enseignants du département de lettres qui s’appelle « la salle de convivialité ». Ce sont 5m2 sans fenêtre avec un micro-onde et une machine à café. C’est un endroit affreux. Pourtant je m’y sens bien. C’est dire à quel point j’aime notre université.

Si vous aviez un conseil à donner à vos étudiants, quel serait-il ?  
D’une part, de lire, toujours, le plus possible. D’autre part, d’écrire, et pas seulement pour l’université. La pratique du journal intime par exemple me semble extrêmement riche, pour les études de lettres, pour prendre des notes libres sur ses lectures, mais aussi pour la vie en général. On apprend à mieux observer le monde, à mettre des mots sur ces observations, à mieux se connaître peut-être aussi.

Crédits: Capture d’écran de la StreetView de Googlemaps de l’arrêt de bus Charles Péguy, Parking Charles Péguy à Stains en Ile-de-France


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
swaniejuret (15 novembre 2023). Charles Coustille, l’entretien. Master Littérature, Savoirs et Culture numérique. Consulté le 22 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/r38f


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